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Par Geneviève Champeau et Paul Aubert
Publié en ligne le 28 septembre 2006
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Sommaire
Le dépouillement de l’enquête, qui porte sur 27 réponses plus ou moins détaillées, parfois succinctes, n’offre pas une radiographie exhaustive de la recherche sur l’Espagne du XXe siècle ; on peut estimer toutefois qu’il rend compte des principales tendances de la réalité actuelle.
Dans les pages qui suivent, les équipes ne sont mentionnées qu’à titre d’exemples pour illustrer une tendance. Plusieurs centres peuvent présenter les mêmes caractéristiques et, pour cette raison, certains peuvent ne pas être cités. On peut aussi s’interroger sur la pertinence de la périodisation établie par les concepteurs de l’enquête, le XIXe siècle étant généralement inclus dans la période contemporaine.
Pour clarifier la description des équipes, on appellera « équipe de recherche » (EA, UMR) les structures englobantes, reconnues par le Ministère. Et « centres de recherche » les unités qui composent ces équipes et qui sont nommées dans telle ou telle université « sous équipe », « groupe » ou « atelier ». Ce descriptif ne prend pas en compte l’Ecole des Hautes Études en Sciences Sociales qui ne relève pas de la 14e section du CNU.
Le découpage opéré par la SHF en fonction de la double distinction entre Péninsule ibérique et Amérique latine d’une part et entre Littérature et Civilisation, de l’autre, correspond à des critères utilisés en pédagogie dans les UFR mais qui rendent de moins en moins compte de la réalité de la recherche collective et de son évolution. Une tendance lourde à la constitution de structures numériquement importantes conduit, en effet, dans de nombreuses universités, à regrouper les enseignants-chercheurs dans des équipes de recherche interdisciplinaires.
Très peu d’équipes de recherche se consacrent exclusivement à l’Espagne contemporaine. A proprement parler, il n’y en a qu’une, le CREC (« Centre de recherche sur l’Espagne Contemporaine », encore que l’adjectif « contemporain » recouvre dans ce cas les XVIIIe, XIXe et XXe siècles), à Paris III. Le « Centre d’Etudes et de Recherches Hispaniques du XXe siècle », à Dijon, publie principalement sur l’Espagne contemporaine mais inclut aussi des travaux, moins nombreux il est vrai, sur l’Amérique latine.
Les autres équipes ou centres regroupent soit plusieurs époques sur l’Espagne, soit plusieurs pays ou continents et plusieurs langues sur l’époque contemporaine, ou bien ils sont largement interdisciplinaires et travaillent non sur une aire ou une époque mais sur un programme. La recherche (avec des Masters adossés à des équipes de recherche reconnues par le Ministère) est actuellement organisée davantage selon une logique de site que de réseaux.
Les enseignants-chercheurs hispanistes travaillant sur l’Espagne contemporaine sont répartis dans différents types de structures de recherche.
Les équipes composées exclusivement ou principalement d’hispanistes ou d’hispanisants (historiens, ethnologues, etc. travaillant sur l’Espagne) qui se consacrent exclusivement ou principalement à l’Espagne contemporaine sont rares ; elles se limitent aux deux mentionnées précédemment : le CREC (EA) à Paris III, qui se consacre à l’histoire culturelle contemporaine et au sein duquel fonctionnent des groupes différents et le « Centre d’Etudes et de recherche hispaniques du XXe siècle » (EA) de l’université de Bourgogne, entièrement consacré au XXe et à l’étude de la contemporanéité.
Viennent ensuite les centres de Recherche sur l’Espagne contemporaine au sein d’une EA d’hispanistes. C’est le cas du CEC (« Civilisation de l’Espagne Contemporaine » au sein du CRIMIC, à Paris IV), de L’ERESCEC (« Equipe de Recherche sur les Sociétés et les Cultures de l’Espagne Contemporaine XIXe-XXe siècles », à Paris VIII), du CREX (« Groupe de Recherche Résistances et Exils »), à Paris X. Au sein de l’EA ETILAL, à Montpellier III fonctionne, de façon informelle, un sous-groupe sur l’Espagne contemporaine.
Dans le cadre de la période contemporaine, une EA peut associer Espagne et Amérique latine comme le CIREMIA (« Centre Interuniversitaire de Recherche sur l’Education et la Culture dans le Monde Ibérique et Ibéro-américain », à Tours, au sein duquel l’Espagne contemporaine, élargie au XIXe occupe une place importante), ou le CRILAUP (« Centre de recherches Ibériques et Latino-américaines ») de Perpignan. On retrouve le même élargissement spatial dans certains centres comme le « Centre de recherches « Ecole, Culture et Nation dans le monde ibérique et ibéro-américain » (EA CRIIA, Paris X), « Culture et histoire dans le monde luso-hispanophone » (EA Romania, Nancy).
L’élargissement peut également être temporel. Une EA d’hispanistes peut inclure un centre consacré sinon à l’Espagne, du moins à la Péninsule ibérique, sans se limiter à la période contemporaine. Un des quatre centres de l’EA AMERIBER, à Bordeaux 3, l’ERPI (« Centre de recherche sur la Péninsule Ibérique ») embrasse l’Espagne et le Portugal du Moyen Âge à nos jours.
Plus fréquent est, toutefois, le cas des centres de recherche axés sur l’Espagne à l’intérieur d’une EA comprenant d’autres domaines de recherche que le domaine hispanique. Les restructurations que favorise actuellement le Ministère, l’importance du nombre minimum de membres exigé dans les EA, favorisent ces regroupements pluridisciplinaires.
On mentionnera, dans le désordre, les EA suivantes qui se trouvent dans ce cas : « Langues et cultures européennes », à Lyon 2, qui inclut un groupe d’hispanistes se consacrant principalement à l’étude de l’image ; Españ@a 31 à Toulouse, qui est un des huit centres de la nouvelle EA « Lettres, Langues et Art » ; le GRIAS à Saint Etienne, qui est un des centres de l’EA CELEC « Etudes sur les littératures étrangères et comparées » regroupant hispanistes, anglicistes, italianistes et comparatistes ; CIRHIUS, à Grenoble, un des cinq centres de l’EA ILCEA « Institut de langues et Cultures de l’Europe et de l’Amérique Latine » ; le CRINI à Nantes (« Centre de Recherches sur les Identités Nationales et l’Interculturalité ») ; le MIMMOC à Poitiers (« Mémoire, Identité, Marginalité dans le monde occidental Contemporain ») ; PROHEMIO, centre de recherche axé sur « Oralité, Histoire et Ecriture », qui ne comprend que des hispanistes du Département d’Espagnol d’Orléans, dans le cadre de l’EA CORAL. On peut rattacher à cette catégorie l’atelier « Discours et pratiques littéraires et sociaux », à l’Université de Provence, au sein de l’EA Etudes Romanes qui comprend aussi des italianistes, des lusistes et des spécialistes de roumain.
D’autres enseignants-chercheurs hispanistes travaillent au sein d’équipes ou de centres pluridisciplinaires, sur des programmes sans spécificité hispanique. C’est sans doute le cas le plus fréquent et en particulier la seule solution possible lorsque les effectifs d’hispanisants sont réduits. Ce cas de figure ne semble toutefois pas être seulement généré par de faibles effectifs mais correspondre aussi, dans certains cas, au choix de l’interdisciplinarité, en particulier au sein d’UFR des Langues ou au carrefour des Lettres et des Langues.
Une UMR correspond à ce cas de figure, TELEMME (« Temps, espaces, langages, Europe Méridionale, Méditerranée ») à l’Université de Provence. Depuis la disparition, fin 2004, de l’UMR TEMIBER à Bordeaux, qui comprenait quelques hispanistes contemporanéistes à côté d’une majorité d’historiens médiévistes et de spécialistes d’histoire moderne, c’est la seule UMR comprenant des hispanistes travaillant sur l’époque contemporaine (les hispanistes contemporanéistes de FRAMESPA, à Toulouse, sont, à une exception près, américanistes). Sous le chapeau commun du programme Pouvoirs et société en Europe méridionale (du Moyen Âge à nos jours), TELEMME comprend deux groupes où sont présents des hispanistes, l’un travaillant sur les Lumières et l’autre sur Les élites dans la cité (du XVIIIe à nos jours). Il s’agit d’une équipe qui réunit aussi des hispanistes, des historiens, des géographes, des juristes quelques italianistes et spécialistes de la Grèce.
De nombreuses EA sont organisées autour d’un programme de recherche. C’est le cas à Nantes, pour l’EA CERCI (7 groupes) et le CRINI ; à Orléans, pour l’EA « INTERTRAD » qui regroupe anglicistes, hispanistes et germanistes autour des formes de transfert interculturel : transposition, mutation, traduction ; à Nice pour l’EA « Centre de la Méditerranée moderne et contemporaine » et l’EA CIRCLES (« Centre Interdisciplinaire Récits, Cultures et Sociétés ») ; à Clermont-Ferrand pour l’EA CRLMC (« Centre de Recherches sur les littératures Modernes et Contemporaines »), qui regroupe des chercheurs en littératures française et étrangères ; à Besançon pour l’EA « Littérature et histoire des pays de langue européenne », à Arras pour l’EA CERACI (« Centre d’Etudes et de Recherches de l’Artois sur les Cultures et l’Intertextualité ») ; à Reims pour l’EA CIRLLEP (« Centre Interdisciplinaire de Recherches sur les Langues, les Littératures, la Lecture et l’Elaboration de la Pensée »), qui regroupe linguistes et philosophes ; à Toulon pour l’EA BABEL qui regroupe des enseignants-chercheurs des Départements de Lettres Modernes, Anglais, Espagnol et LEA. � Lille, où une restructuration est en cours, les hispanistes de CREATHIS vont être intégrés dans une EA plus large, CECILLE qui rassemblera les chercheurs en langues et littératures étrangères.
Il faut enfin signaler le cas des UFR de petite taille dont les enseignants-chercheurs se rattachent à des équipes d’autres universités, comme à Strasbourg où, sur les quatre hispanistes titulaires, deux sont rattachés à l’EA « Romania » de Nancy. Par ailleurs AMOREAL regroupe des enseignants-chercheurs d’Angers, du Mans et d’Orléans.
L’organisation actuelle de la recherche conduit à relativiser l’importance des distinctions territoriales, d’aires linguistiques, de domaines (littérature, civilisation). La recherche s’organise de plus en plus autour de programmes et dans une perspective le plus souvent interdisciplinaire, que celle-ci soit réduite (langues de la Péninsule ibérique, langues romanes,) ou plus large.
Les réponses au questionnaire de la SHF soulignent certaines difficultés liées à cette évolution : programmes scientifiques interrompus ou infléchis par des restructurations, difficulté à trouver sa place, en tant qu’hispaniste, dans les nouvelles structures. On peut citer à ce sujet le témoignage d’Anne-Marie Capdeboscq (université de Limoges) :
« L'hispanisme en tant que tel est mal représenté dans les deux équipes de recherche EA officielles qui sont pilotées, l'une par Sciences du Langage (CERES, mon équipe de rattachement), orientée sémiotique non textuelle (webdesign par exemple) : à titre isolé, (Dolores Ligatto et moi) nous avons fait soutenir quatre thèses (impures selon un point de vue de sémiotique dure). L'autre équipe, assez hétéroclite, à laquelle deux collègues participent, est dirigée par la Littérature comparée et orientée vers la littérature populaire (EA EHIC) et la géocritique. La seule façon de récupérer une existence scientifique serait de nous associer avec les anglicistes (peu nombreux en tant que PR) et les germanistes (2 PR mais pas de thèse -et peu d'étudiants-). En fait, nous sommes dévorés par un Centre de langues tout nouveau (axé sur la communication) et la recherche en littérature et même en civilisation n'est pas un objectif de l'Université ».
Les débats, lors des Journées d’Etude de Poitiers, ont souligné la difficulté d’aller au-delà du patchwork dans la recherche interdisciplinaire. Ils ont également abordé la tension entre une logique de site (Ecoles doctorales, doctorants) et une logique de réseau qui pourrait s’articuler à la première en regroupant des compétences, en faisant émerger des interfaces. L’outil informatique peut être utilisé à cette fin. Des revues électroniques qui voient le jour peuvent y aider.
Par ailleurs, comment articuler ces programmes de recherche transversaux et les intérêts disciplinaires ? Certaines équipes allient séminaires transversaux et manifestations scientifiques portant sur les centres d’intérêt d’un ou de plusieurs membres (Pau, Bordeaux, par exemple). D’autres associent séminaires communs et sous-groupes sans existence officielle (CREC, ETILAL). D’autres choisissent de rester à la marge. C’est le choix qui a été fait, en 1999, par un groupe de jeunes chercheurs issus pour la plupart d’un séminaire de M.C. Zimmermann, le « Groupe de recherche sur les poètes de 1927 », animé par Nuria RodrÃguez Lázaro. Il regroupe des membres de plusieurs universités (Paris III, IV, X et XIII, Lille, Reims, Bordeaux). Ils se réunissent hors structure, sans contraintes mais aussi sans financement. Le Centre d’Etudes Catalanes leur prête une salle. Ils ne bénéficient d’aucun service de secrétariat. Ils ont organisé en interne une Journée d’Etude l’année dernière sur « Peinture et poésie en 1927. Aller-retour » et la prolongent par une seconde en 2006 sur « Poésie, peinture et photographie. Autour de 1927 ». Afin de pouvoir publier cet ensemble de communications, le groupe a obtenu une aide du CRIMIC (Paris IV) par le biais du sous-groupe sur la poésie ibérique animé par Denise Boyer, sans être officiellement rattaché au CRIMIC. On perçoit, à long terme, les limites de cette solution qui ne permet guère de financer les opérations scientifiques. On mentionnera également le cas du PILAR (« Presse, Imprimés, Lecture dans l’Aire Romane »), qui a opté, depuis longtemps, pour la solution de l’association Loi 1901.
Cet état des lieux conduit à s’interroger sur la reconnaissance des études hispaniques dans le cadre de ces programmes transversaux et d’un relatif effacement des disciplines. On reviendra sur cette question importante à propos des publications et du rayonnement de l’hispanisme.
L’enquête dégage peu de renseignements sur la répartition des forces entre Espagne et Amérique et sur leur articulation. Dans l’enseignement, les Départements s’efforcent de maintenir un équilibre entre les deux aires géographiques et les deux domaines. En ce qui concerne la recherche, l’évolution décrite ci-dessus relativise quelque peu l’importance de ces distinctions que les traditions locales peuvent toutefois maintenir vivaces.
Les recherches sur l’Espagne et sur l’Amérique sont parfois séparées. Soit elles sont réparties dans des EA différentes comme à Paris III avec le CREC pour l’Espagne et le GRIAL (CRAEC + CRICCAL) pour l’Amérique latine, soit dans des centres différents au sein de la même EA comme à Paris IV, dans le cadre du CRIMIC, et dans AMERIBER à Bordeaux (ERSAL pour l’Amérique Latine et ERPI pour l’Espagne). Ailleurs elles sont regroupées au sein de programmes de recherche et d’un fonctionnement commun, comme dans « Intertrad » à Orléans, « Romania » à Nancy, BABEL à Toulon ou encore dans l’UMR FRAMESPA, à Toulouse, qui a intégré des américanistes dans un de ses groupes. Des centres consacrés à des aires géographiques différentes peuvent organiser des manifestations scientifiques communes : les quatre composantes d’AMERIBER, à Bordeaux, organisent à la fin de chaque quadriennal, un colloque commun.
Personne ne semble se plaindre de déséquilibres entre littérature et civilisation, si ce n’est, peut-être, à propos des programmes de concours (cf. infra). La distinction binaire littérature/civilisation, ne rend pas compte de la diversité de la recherche actuelle et de celle des objets culturels sur lesquels elle porte. Où placer, par exemple, les différentes formes d’expression graphique : peinture, photo, cinéma, etc. ? Cette distinction binaire ne suffit pas davantage à rendre compte de la diversité des approches dans des équipes pluridisciplinaires qui font intervenir, à côté des hispanistes, des historiens, des géographes, des sociologues, des ethnologues, des philosophes, etc.
Le dépouillement de l’enquête confirme que les problèmes de moyens sont moins liés au budget qu’aux locaux et, surtout, au manque de personnel administratif.
Les informations concernant les budgets sont rares et difficilement exploitables. Les collègues n’expriment toutefois pas de préoccupations majeures dans ce domaine, bien que l’on sache que les moyens d’une UMR sont bien supérieurs à ceux d’une EA et qu’il est difficile de recevoir des collègues espagnols dans des conditions similaires à celles dans lesquelles les hispanistes français sont reçus dans bien des pays étrangers.
Les moyens en locaux sont également très variables selon qu’il s’agit d’une UMR ou d’une EA. Les situations sont aussi diverses selon les EA. La plupart des équipes disposent au moins d’une salle équipée, voire de plusieurs. Les moins bien loties sont les universités parisiennes : une salle pour six centres à Paris IV (CRIMIC), une salle recherche commune à toutes les équipes d’hispanistes de Paris X-Nanterre qui utilisent aussi une salle de conférences et une salle de séminaire de l’UFR.
C’est sur la question du personnel que le bât blesse. Le manque de personnel administratif ou son insuffisance fait peser une lourde charge sur les responsables d’Equipes et de centres dont il alourdit le quotidien tout comme l’organisation des manifestations scientifiques. Les équipes disposent le plus souvent d’un personnel administratif, en petit nombre, commun aux centres d’une EA (Grenoble) ou de plusieurs. Mentionnons le fait qu’il existe à Bordeaux 3 un service de soutien à la recherche, REVALED, commun à l’ensemble de l’université. En revanche, il n’y a pas, d’après les réponses, de secrétariat pour les équipes de Paris III et Paris IV.
Si certaines universités confessent ne pas avoir de groupe de recherche sur l’Espagne contemporaine (Evry), n’avoir pas de relations internationales dans le domaine hispanique (Avignon, Nice) ou ne répondent pas (CRIMIC, Paris IV), la plupart des réponses font état de relations personnelles avec des collègues espagnols ou institutionnelles avec des universités espagnoles dans le cadre des programmes ERASMUS ou SOCRATES. Mais on ne sait pas toujours si ces relations ont été institutionnalisées par des conventions et si elles dépassent le cadre des échanges pédagogiques. Il est donc difficile de les évaluer, même s’il est certain que ces relations, informelles ou non, sont une pratique généralisée. Quelques exemples: Paris III a établi des relations Érasmus avec Cadix, Alicante, etc. ; Montpellier avec Alcalá, Barcelone et Ciudad Real ; Toulon avec Murcie, Madrid, Barcelone, Vigo, Séville, Salamanque et Valence ; Arras avec Alcalá, Cáceres, Madrid, Las Palmas, Cádiz et Soria ; Paris 8 avec Buenos Aires, l’Université Complutense de Madrid, Alicante, Cordoue ; Lyon 2 avec Salamanque, Séville et la Carlos III de Madrid, et a des échanges avec Murcie et Barcelone ; l’université de Provence avec Madrid (Complutense), Valladolid, Alicante, Grenade, etc.
Pour les centres pluridisciplinaires, le poids des échanges est difficile à évaluer. Par exemple, Nice (CMC) entretient des relations suivies avec l’Italie, la grande Bretagne, la Suède, la Grèce, l’Université d’Alicante et de Valence. Des contacts sont en voie de formalisation avec la Autónoma de Barcelone (Département d’Histoire). � Nantes, le CERCI fait état de relations avec la plupart des pays européens. Le CRLM (Clermont) a des accords avec de nombreux pays (Roumanie, Russie, Allemagne, Angleterre, Espagne, Tunisie, Brésil, Etats-Unis…), mais on se sait quels sont ceux qui concernent les hispanistes.
En revanche, rares sont les équipes qui ont établi des liens pédagogiques ou scientifiques avec des universités d’autres pays : Besançon a des relations avec l’Université de la Manouba à Tunis et l’Université de Fribourg). Le programme de TELEMME, à Aix, est intégré dans un réseau d’histoire culturelle de la Méditerranée qui comprend à côté d’universités espagnoles (Madrid, Barcelone, Tarragone, Palma de Mallorca), des universités grecques (Athènes), italiennes (Viterbo, Rome) et portugaises (Porto). Españ@31, à Toulouse, est intégrée dans le Réseau Européen Dramaturgae (Uned, Madrid, Giessen, Allemagne) et collabore avec l'université de Lleida.
Des échanges d’enseignants-chercheurs sont pratiqués, mais les réponses ne sont souvent pas très précises. Le CREC (Paris III) assure l’accueil et le « tutorat » de nombreux chercheurs espagnols avec lesquels existent des contacts institutionnels ou personnels (Central et Autónoma de Barcelone, Complutense, Autónoma et Carlos III de Madrid, Alicante, Valence, Grenade, Cordoue, Séville, Salamanque, Saint-Jacques de Compostelle, Oviedo, Lugo, Francfort/Oder, etc.). Des actions intégrées sont mentionnées avec Valladolid, Alicante, Salamanque, UNED de Madrid, Lleida… � Nantes le CERCI, qui travaille surtout sur la traduction, a un projet en cours avec l’Université d’Oviedo et Alcalá de Henares ainsi que de nombreuses universités européennes. Dans la même université, le CRINI a établi des liens avec Cáceres, Saragosse, Madrid (Juan Carlos I°), Séville (échanges d’étudiants de Licence, Master 1, d’enseignants-chercheurs et accueil de doctorants et de post-doctorants). Cette situation est compliquée par des structures éclatées : « chaque sous-équipe avait jusqu’à une époque récente une fonction pratiquement autonome » (Lyon 2).
L’organisation de séminaires communs (Besançon) ou la co-organisation de colloques avec des universités étrangères (Aix TELEMME, Besançon, le CRINI à Nantes) est rare. A Paris III le CREC signale des actions ponctuelles (colloques, publications) avec des universités espagnoles (Salamanque, Valladolid, Alicante) ou allemandes (Iéna, Francfort/Oder). Un cursus commun est en cours d’organisation entre Aix et Alicante.
Cela est difficile à quantifier et dépend de la spécialité et de la notoriété de chacun, mais constitue une pratique régulière au sein de l’hispanisme français. La participation à des comités de rédaction de revues espagnoles ou internationales est encore plus difficile à préciser. Cela relève de relations personnelles sauf lorsqu’il s’agit d’une cotutelle, mais peu d’exemples sont signalés et les réponses ne semblent pas exhaustives.
Ces relations se font soit avec des Départements d’Histoire contemporaine ou de Sciences Sociales (Carlos III, Juan Carlos I), soit avec des Départements de Littérature espagnole soit avec des Département de Philologie française (ce qui constitue une nouveauté relative). Mais la formalisation de relations internationales d’équipe à équipe n’est pas fréquente. Il n’y a que des relations entre chercheurs et la participation de chercheurs étrangers aux manifestations d‘une équipe ainsi que la participation de membres de l’équipe à des activités de recherche à l’étranger
Les questions abordées dans ce troisième point, comme dans le précédent, ne sont guère propres à la recherche sur l’Espagne contemporaine.
Il est nécessaire de distinguer, d’une part, les trois années de Licence et, d’autre part, Master et Doctorat. La situation dans les universités est très différente selon qu’elles possèdent ou non des équipes de recherche monodisciplinaires (constituées principalement d’hispanistes ou d’hispanisants) et des Masters avec « spécialité » ou « parcours » hispanique ou hispano-américain. Les UFR s’efforcent généralement de maintenir un équilibre entre Espagne et Amérique comme entre littérature et civilisation.
La grande majorité des réponses mentionnent la présence de la littérature et de la civilisation espagnoles contemporaines dès la Licence. Mais ces enseignements ne sont pas ou peu liés aux programmes de recherche. C’est en Master, et surtout en Master 2, que les enseignements sont adossés aux programmes des équipes de recherche.
Les réponses mentionnent rarement les intitulés des « spécialités » de Masters, ce qui ne permet pas de savoir avec précision dans combien d’universités il y a des « spécialités » ou au moins des « parcours » intitulés « Etudes Ibériques » ou « Etudes ibériques et ibéro-américaines », ou encore des Masters consacrés à l’époque contemporaine sur une aire géographique plus ou moins vaste.
Une même équipe peut être articulée à plusieurs Masters. C’est le cas à Nantes où sont adossés au CERCI trois Masters : « Identités linguistiques, représentations nationales et transferts culturels » (intervention d’une collègue sur le roman espagnol contemporain), le Master 2 de l’UFR de Langues, la même collègue intervenant dans un « atelier » sur les « Interférences atlantiques », et le Master FLE (Recherche et professionnel) pour lequel le CERCI est aussi laboratoire de rattachement. On se demandera, dans de pareils cas, quels enseignements sont effectivement rattachés au programme de recherche de l’équipe ou si les membres de l’équipe ne sont que des prestataires de services. On suppose que dans les Masters adossés à des équipes pluridisciplinaires les interventions des hispanistes sont ponctuelles. A .M. Capdeboscq écrit, par exemple, que dans le Master « Lettres et Langues » de Limoges, « l'hispanisme est noyé dans la spécialité LLCE». Strasbourg offre, pour sa part, le cas d’interventions d’hispanistes dans un Master adossé à une équipe à laquelle ils n’appartiennent pas, ce qui distend le lien entre formation et recherche sur programme.
L’enquête n’est pas suffisamment précise pour établir le nombre de PR ou de MCF habilités dirigeant des thèses sur le XXe siècle en Espagne et sur le nombre de thèses en cours. Ce qui apparaît, en revanche, c’est que dans certaines équipes il n’y a aucun PR ou Habilité sur l’Espagne contemporaine (Orléans, Nancy, Nantes CERCI), ce qui rend impossible tout encadrement de jeunes chercheurs hispanistes dans cette équipe, voire cette université. En ce qui concerne les modalités pratiques de l’articulation entre enseignement et recherche, Gérard Brey, à Besançon, indique qu’une UE de Master intègre la participation à des manifestations scientifiques et leur compte rendu. Il en est de même pour certaines UE à l’université de Provence, en relation avec l’UMR TELEMME.
Les réponses sont assez uniformes. Les étudiants de Master sont généralement invités à assister aux séminaires de l’équipe de rattachement, aux Journées d’Etudes et aux colloques. Les doctorants sont invités à y participer et leurs interventions sont publiées. Certaines EA précisent qu’elles participent aux frais de mission des doctorants pour leurs déplacements à l’étranger (Toulouse, Grenoble, Bordeaux, Reims, etc.). La question des liens avec les ED ne donne pas lieu à de longs commentaires. Les types de fonctionnements semblent partout similaires. Les ED organisent leurs activités propres : cycles de conférences ou séminaires, Journées des doctorants. L’ED « Connaissance, Langages, Cultures » de Nantes soutient en outre une revue des doctorants, Traverse, dans laquelle ceux-ci sont invités à publier. Les ED apportent parfois un appui financier aux activités scientifiques des EA.
Celle-ci est inégale, mais devient un souci généralisé. Il existe des revues de diverses natures souvent liées à l’histoire de leur création.
Le Bulletin Hispanique (Bordeaux) est la plus ancienne revue de l’hispanisme français, sans être spécialisée sur l’Espagne contemporaine, elle accueille de nombreux travaux de littérature ou civilisation sur cette période.
On citera pour mémoire la nouvelle série des Mélanges de la Casa de Velázquez, revue généraliste et transdisciplinaire qui publie des numéros (et accueille des travaux) consacrés à l’Espagne contemporaine.
Des revues sont consacrées à l’étude des textes : Cahiers de Narratologie (1 numéro par an) à Nice, TEXTURE à Lyon II.
Les Cahiers de la Méditerranée (Nice) est une revue internationale semestrielle spécialisée dans l’étude des sociétés et des espaces méditerranéens. Elle compte 67 numéros publiés. Sa distribution s’étend dans les pays d’Europe évoqués plus haut, et dans les autres pays de l’aire méditerranéenne, particulièrement les pays du Maghreb. � Aix (EA « Etudes Romanes »), les Cahiers d’Etudes Romanes ont été relancés depuis cinq ans. BABEL (semestrielle) à Toulon, est une revue pluridisciplinaire où les études hispaniques sont parfois présentes.
Les Cahiers du GRIAS (« Groupe de Recherches Ibériques et Ibéro-américaines » de Saint-Etienne) publient les résultats des travaux de l’équipe. Tigre (Grenoble) publie en moyenne un numéro par an, plus des hors-série (Paratexte, Postmodernité, Violence politique, la Fable, César Aira).
Elles sont peu nombreuses, comme le Bulletin d’Histoire contemporaine de l’Espagne (créé en 1985, qui redevient semestriel, 41 numéros publiés, UMR Telemme Aix , avec une rédaction interuniversitaire : Paul Aubert (Aix), Jean-Michel Desvois (Bordeaux 3), José Luis de la Granja (Bilbao).
De nombreux centres ont un site internet (CREC Paris III, AMERIBER à Bordeaux, EA Etudes Romanes et UMR TELEMME à Aix, Nice, et bien d’autres) qui contient une présentation, l’information concernant les programmes de recherche et les manifestations prévues, ainsi que, de plus en plus, une fiche bibliographique par enseignant-chercheur.
Deux revues électroniques publient des travaux sur l’Espagne contemporaine à Nice, les Cahiers de narratologie et la revue Socio-anthropologie (Marc Marti) ; une à Aix, El Argonauta Español (dir. Gérard Dufour, Elisabel Larriba, Severiano Hernández, TELEMME, consacrée à l’étude de la presse dans l’aire culturelle romane des Lumières à nos jours (2 livraisons par an depuis un an). Depuis la rentrée 2004 le CREC (Paris III) a créé un site spécifique où sont publiés des articles, des comptes rendus, les travaux de petits groupes issues du CREC (sur la traduction, le cinéma…) et deux ouvrages émanant des travaux de l’équipe.
Des revues existantes sont mises en ligne : Les Cahiers de la Méditerranée (Nice), Le Bulletin d’Histoire Contemporaine de l’Espagne. Des revues électroniques vont être créées : e-crini (CRINI, Nantes). Jacques Maurice et Manuelle Peloille, à Paris X, préparent également la parution prochaine (automne 2006) des Cahiers de civilisation espagnole contemporaine qui visent à mettre en réseau les chercheurs travaillant sur l’Espagne contemporaine. On peut encore mentionner ReSources à Orléans que les hispanistes, les anglicistes et les germanistes ont l’intention de publier à partir de 2006. Tout cela révèle un grand dynamisme, mais requiert une plus grande information. Le site internet de la SHF semble maintenant au point.
Les tirages de ces revues ne sont pas toujours fournis. Narratologie (Nice) est tirée à 200 exemplaires, Tigre à Grenoble à 300. Le Bulletin d’Histoire Contemporaine de l’Espagne à un tirage moyen de 350 exemplaires. Qualitativement, il faudrait pouvoir distinguer entre les revues qui pratiquent essentiellement l’auto-publication des travaux des équipes de recherche et celles qui ont un comité de rédaction, sélectionnent des travaux non sollicités et s’efforcent de créer une dynamique scientifique. Le Bulletin hispanique et le Bulletin d’Histoire contemporaine de l’Espagne, par exemple, s’appuient sur un comité de lecture international. Le second publie, dans des proportions à peu près égales, des travaux de chercheurs espagnols et français ainsi que des résumés de thèses et des comptes rendus. La diffusion des revues citées est le plus souvent nationale. Quelques-unes ont cependant une diffusion internationale, comme le Bulletin Hispanique et les Cahiers de la Méditerranée (Nice) ou le Bulletin d’Histoire Contemporaine de l’Espagne diffusé en Espagne, dans les pays européens, aux USA, au Canada et au Japon.
Ce domaine atteste d’une activité régulière. Si l’on s’en tient aux dernières années, on constate que les ouvrages sur l’Espagne contemporaine occupent une bonne place dans le catalogue des diverses Presses Universitaires : PSN (Collection Ibérica – Paris Sorbonne, dirigée par Annie Molinié), PUM (Toulouse coll. Hispania), PUB (Bordeaux, coll. de la Maison des Pays Ibériques), ELLUG (Grenoble), PUR (Rennes II), des PUP (Aix où une collection Mondes Ibériques vient d’être créée avec 4 titres parus), des éditions du CRINI (Nantes), etc. Une exception notable : les ouvrages publiés par le CREC (Paris III) constituent, en soi, une collection dans les publications de Paris III. Certains groupes de recherche font état de contrats d'édition avec des éditeurs: c'est le cas du groupe toulousain Españ@31 avec Milenio et Naque (Espagne).
La plupart des Presses Universitaires visent un public international comme la collection Ibérica Essais de Paris-Sorbonne ou Hispania (Toulouse) qui a une collection bilingue d'œuvres théâtrales, Nouvelles Scènes. D’après les premières expériences en la matière, la mise en ligne favorise la consultation. Les Cahiers de narratologie (Nice) ont fait l’objet de 11 000 visites en ligne en novembre 2005 et Socio-anthropologie de 25 000 visites en novembre 2005 (statistiques réalisées par global webaliser). L’avant-dernier ouvrage publié sur le site internet du CREC (http://crec.univ-paris3.fr) à Paris III, Les plaisirs en Espagne. XVIIIe-XXe siècles, a été téléchargé dans son intégralité 3350 fois depuis la mi-novembre 2004 (pas de compteur pour les téléchargements partiels ni pour les « visites » sur le site). Et le dernier ouvrage, installé en janvier 2600, a été téléchargé 1500 fois. Les ouvrages sur papier, dans le système actuel des publications universitaires, ont un tirage restreint et sont évidemment moins diffusés. « L’expérience des années précédentes –écrit Philippe Meunier (Saint-Étienne)- a montré que les publications qui ont le moins bien « marché » sont celles d’actes de colloques pluridisciplinaires ». Certains ouvrages ont tout de même atteint une certaine diffusion et se vendent, si l’on en croit les PSN. L’ouvrage collectif (Españ@31) Au commencement du récit. Transitions, transgressions (dir. Christine Perès), publié par les éditions Lansman (Belgique), coll. Hispania, et paru en septembre 2005, est déjà épuisé ; cela n’est sans doute pas étranger au compte rendu qu’en a fait Andrea Del Lungo sur le site de fabula org.
Pour certains colloques, ceux qui sont organisés en collaboration avec la Casa de Velázquez, par exemple, on s’efforce de trouver un éditeur espagnol commercial (dernier en date : La escena española en la encrucijada (1890-1910), ed. de S. Salaün, E. Ricci, M. Salgues, Madrid, Fundamentos, 2005, 363 pages). Quelques centres utilisent internet pour diffuser les programmes de leurs séminaires et journées d’études, l’ERESCEC (Paris 8), le CIREMIA (Tours), Besançon, TELEMME (Aix).
Elles sont rares en dehors des travaux sur le cinéma ou le théâtre contemporain. On citera la collection « Voix off » sur le cinéma espagnol, Cahiers des Rencontres du cinéma espagnol (CRINI, Nantes, jusqu’en 2003).
On mentionnera ici les conférences en partenariat avec la Région ou le Conseil général (CRINI, Nantes ; TELEMME, Aix), les conférences à l’université pour tous de St-Etienne, où par ailleurs, une convention a été signée entre cette université et l’association Belles Latines qui permet de faire venir chaque année poètes et romanciers de langue espagnole, accompagnés éventuellement de leur traducteur en français, pour présenter leurs œuvres devant un public d’étudiants et d’enseignants et répondre aux questions de ces derniers. On signalera également un festival de cinéma espagnol à Nantes, en collaboration avec le Département d’Etudes Hispaniques et le CRINI ainsi qu’une participation de certains universitaires aux semaines du cinéma espagnol et latino-américain d’Aix et de Marseille. A Toulouse, la Biennale de l'iconographie hispanique contemporaine (peinture, cinéma, photographie, rapport texte image) et les Rencontres de Théâtre Hispanique Contemporain, devenues Rencontres de Théâtre Européen, ont lieu chaque année. (Ces rencontres s’articuleront à l'avenir autour de la Maison du Théâtre européen, créée en 2007, lieu de synergie entre théorie et pratique du théâtre).
En conclusion, l’utilisation d’internet peut favoriser les relations et la diffusion des travaux. Le principal problème est en amont, dans la reconnaissance et la structuration des équipes qui peinent à atteindre la taille critique.
Les réseaux de type GDR ont disparu au profit d’équipes de recherche plus localisées et adossées à des Master. La prochaine étape sera peut-être la création d’Ecole Doctorales européennes ou l’intégration à des réseaux européens (type RAMSES2). Puisse ce premier (et bien imparfait) bilan nous inciter à poursuivre notre réflexion et à encourager l’hispanisme français à se doter d’une meilleure visibilité dans les universités.
La concertation entre les jurys du CAPES et de l’Agrégation est estimée très insuffisante. La dissociation des questions du programme communes aux deux concours peut entraîner des problèmes d’organisation des cours (cf. récemment la question sur l’armée). Selon certaines réponses à l’enquête, les sujets sont trop centrés sur le Siècle d’Or et même le Moyen Âge au CAPES, alors qu’il serait opportun de proposer à ces candidats des programmes davantage tournés vers l’Espagne contemporaine. La place prise par la civilisation aux concours est un sujet de satisfaction, mais certains collègues regrettent la timidité des jurys par rapport aux questions de civilisation sur l’après-franquisme. Plusieurs réponses commentent la place qu’occupe le cinéma. Si son rôle formateur pour de futurs enseignants est unanimement souligné, certains collègues observent que les questions de civilisation contemporaine ont tendance à être abordées par le biais de cet art, perspective légitime mais qui ne devrait pas être adoptée au détriment d’autres approches. D’autres regrettent que les films ne soient davantage abordés en tant que langage spécifique, si possible à travers des œuvres de qualité.
De nombreux collègues regrettent que la littérature espagnole contemporaine (XIXe et XXe) soit réduite, depuis quelque temps, à la portion congrue. En particulier le théâtre, qui n’a jamais été très présent, et la poésie semblent avoir disparus. La littérature espagnole contemporaine est délaissée au profit de la littérature classique, de la civilisation contemporaine ou de la littérature latino-américaine contemporaine. Ils suggèrent que l’on fasse alterner la littérature et la civilisation sur les questions relatives à l’Espagne contemporaine. D’autres souhaitent que les questions de littérature et de civilisation soient élaborées en tenant compte des courants « porteurs » de la recherche hispanique.
Lors des Journées d’Etude de Poitiers, il a aussi été question des publications qui se multiplient autour des programmes de concours, lesquels orientent une partie de la production scientifique et imposent des échéances brèves, des réponses à court terme contraires à une véritable politique scientifique et éditoriale.
On sait qu’il se fait en fonction d’une double logique : pédagogique (qui exige une certaine diversification) et de recherche (qui tend, au contraire, vers la création de synergies). Le Ministère met actuellement l’accent sur le second critère.
Les regrets portent sur des sujets de thèse trop pointus (problème de la thèse en 3 ou 4 ans), sur des auteurs mineurs ou ayant à leur actif une œuvre réduite (problème du succès du très contemporain). En outre, il y a souvent un décalage entre les rapports et la mention obtenue, ce qui rend difficile l’évaluation de certains dossiers. Une pénurie de candidats a été constatée sur des postes de MCF en civilisation contemporaine (Bordeaux). Les candidats sur des postes de PR en littérature contemporaine sont également peu nombreux actuellement mais cela devrait changer prochainement.
Un état des lieux établi dans la réponse de Serge Salaün à l’enquête a suscité un débat lors des Journées d’Etude de Poitiers. Celui-ci craint que les liens entre la recherche faite par les hispanistes français et celle qui se fait en Espagne ne se relâchent. Il signale une absence de plus en plus notable des hispanistes français dans les manifestations publiques espagnoles et ajoute : « Se préoccupe-t-on des thèses françaises en Espagne (et ailleurs) ? A-t-on encore un rôle à jouer en Espagne, lequel, comment ? En dehors de quelques individus (pas très jeunes, le plus souvent), la présence des hispanistes français en Espagne n’est-elle pas sur une vague fortement descendante (ce que les nombreuses enquêtes et publications espagnoles sur le sujet semblent confirmer) ? ». Les enseignants-chercheurs présents à Poitiers ont souligné fortement la nécessité, pour les chercheurs français, de se faire connaître à l’étranger, de se déplacer, d’établir des contacts, d’entrer dans des réseaux, d’être présents dans les associations internationales. La SHF, comme la Casa de Velázquez, ont un rôle à jouer pour donner une meilleure visibilité à l’hispanisme français.
Cette enquête brosse un panorama général de l’organisation de la recherche dans l’hispanisme, en ce qui concerne le XXe siècle. Elle mériterait d’être complétée par un approfondissement de certains points qui permettraient d’affiner la connaissance de la part qui revient aux recherches sur le XXe siècle. On pense, par exemple, au nombre de chercheurs (PR/MCF, littérature/civilisation/cinéma/arts plastiques), au nombre de thèses soutenues au cours des dernières années et de thèses en cours, dans les différents domaines, à la répartition des sujets selon les champs disciplinaires et les époques, ou encore au fonctionnement des équipes transversales.
Il ne s’agit pas de se lamenter mais de prendre la mesure des difficultés, dans un contexte de restructuration des équipes et de développement de la recherche sur programmes, afin de trouver des solutions permettant une meilleure reconnaissance de l’hispanisme français.
Paul Aubert
Université de Provence.
Geneviève Champeau
Université Michel de Montaigne – Bordeaux 3.
Pour citer cet article :  Champeau Geneviève et Aubert Paul (2006). "Enquête de la SHF sur l’organisation de la recherche. Espagne XXe siècle.". Actes des journées d'études de la Société des Hispanistes Français, Poitiers, 12 et 13 mai 2006.
En ligne : http://edel.univ-poitiers.fr/shf/document145.php (consulté le 8/04/2019).
Par Elvire Diaz.
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